C'est sur le blog Les pages qui chuchotent que j'ai découvert ce rendez-vous créé par Ma Lecturothèque, et j'en ai trouvé le principe intéressant. Après tout, quand je vais en librairie pour acheter un nouveau livre, je regarde toujours la couverture et la quatrième de couverture. Mais il m'arrive aussi de lire les premières lignes voire les deux premières pages pour voir si le style de l'auteur me plait. J'ai donc décider de partager avec vous, chaque semaine, les premières lignes des romans qui m'ont plu ou même de mes lectures en cours en fonction de mon envie du moment.
Pour inaugurer cette rubrique j'ai décidé de vous faire découvrir les premières lignes de la Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig, mon livre préféré et à ce jour jamais détrôné.
Premières lignes : R..., romancier renommé, rentrait à Vienne de bon matin, tout ragaillardi après une excursion de trois jours dans la montagne. Il acheta un journal à la gare ; ses yeux tombèrent sur la date, et il se rappela aussitôt que c'était celle de son anniversaire. "Quarante et un ans", songea-t-il, et cela ne lui fit ni plaisir ni peine. Il feuilleta sans s'arrêter les pages crissantes du journal, puis il prit un taxi et rentra chez lui.
Son domestique, après lui avoir appris que pendant son absence il y avait eu deux visites et quelques appels téléphoniques, lui apporta son courrier sur un plateau. Le romancier regarda distraitement les lettres et ouvrit rapidement quelques enveloppes dont les expéditeurs l'intéressaient. Il mit provisoirement de côté un lettre dont l'écriture lui était inconnue et qui lui semblait trop volumineuse. Le thé était servi ; il s'accouda commodément dans son fauteuil, parcourut encore une fois le journal et quelques imprimés ; enfin il alluma un cigare et prit la lettre mise de côté.
C'étaient environ deux douzaines de pages hâtives, d'une écriture agitée de femme, un manuscrit plutôt qu'une lettre. Il tâta machinalement l'enveloppe pour voir s'il n'y avait pas laissé quelque lettre accompagnant l'envoi. Mais l'enveloppe était vide et elle ne portait pas plus que la lettre elle-même une adresse d'expéditeur ou une signature. "C'est étrange", pensa-t-il, et il reprit les feuilles. Comme épigraphe ou comme titre, le haut de la première page portait ces mots : à toi qui ne m'a jamais connue. Il s'arrêta étonné. Cela s'adressait-il à lui ? A un être imaginaire ? Sa curiosité s'éveilla, et il se mit à lire.
Peut-être que cet extrait va vous paraître un peu long mais il aurait perdu tout son sens si je l'avais coupé avant. Je vous dis à la semaine prochaine pour un nouvel extrait :)
J'espère que celui-ci vous aura plu et n'hésitez pas à me dire si vous avez déjà lu ou projetez de lire ce livre :)
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